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de l’abbaye de pontigny.

la piété chrétienne, et de médiateurs entre le ciel et la terre. Les guerres du quinzième siècle, celle des Huguenots, celle de la Ligue, avaient dispersé les religieux dans les villes et dans les châteaux. Les visites annuelles et les chapitres généraux avaient été suspendus ; la discipline en souffrit, et le relâchement s’introduisit dans l’abbaye. Le commerce des religieux avec le monde durant leur dispersion leur avait fait oublier peu à peu les devoirs de leur état. Ces maux furent de trop longue durée pour ne pas laisser des traces profondes. Plusieurs papes, malgré leurs soins, ne purent faire revivre qu’imparfaitement l’amour de la retraite et les vertus qui avaient long-temps distingué l’Ordre. Ce n’est pas tout trois abbés commendataires de suite, qui ne laissent que l’exemple de la profusion et du luxe ; l’abbaye cédée, léguée comme un bien de famille ; ses revenus, qui devaient être le patrimoine des pauvres, la subsistance des religieux, recherchés par des hommes qui les troublent jusque dans leur retraite, c’est là ce qui affligeait l’Église entière. Durant ces orages, les supérieurs ne se conservèrent pas plus purs que leurs subordonnés ; ils furent agités par des intérêts personnels qui absorbaient la pensée de leurs devoirs les plus pressans. On a vu l’abbé de Cîteaux essayer de se soustraire à la surveillance des quatre premiers pères. Clément IV, en 1265 ; Benoît XII, en 1335, réprimèrent les projets des ambitieux ; mais, pendant les troubles, on vit renaître ces anciennes querelles. Les passions ayant ainsi succédé au zèle du bien public et à la charité, il n’était pas facile de rétablir la discipline intérieure, je parle de