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Malgré l’indifférence, le dédain peut-être, de la génération actuelle pour les hommes qui ont habité les vieux cloîtres, réveillons un peu ces moines endormis dans leurs tombes séculaires, ils nous diront avec quel succès ils ont rempli pour eux-mêmes et pour la société la grande tâche qui leur fut assignée par la Providence. Que nos contemporains rendent à ces moines le pieux tribut de leur hommage et de leur vénération qu’ils cessent de prendre en pitié les institutions qui les ont précédés, s’imaginant follement que leur état social résistera au torrent dès siècles, comme si un peuple destitué de ses anciennes croyances sans mœurs arrêtées, agité par les idées d’une liberté vague et indéfini, avait droit de compter sur l’avenir.

Les monastères ont duré près de quatorze cents ans dans nos pays ; ils durent encore ailleurs : ce fait suffit pour qu’on accorde une grave attention aux institutions monastiques. Il faut quelque chose de surnaturel à un établissement pour qu’il compte autant de siècles. Qu’on cherche dans l’histoire des choses humaines des sociétés qui aient accompli une pareille destinée. Que sont devenues tant de dynasties royales ? Combien dureront nos royaumes