Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/209

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
199
de l’abbaye de pontigny.

entreprennent d’enlever le plomb qui couvrait l’église ; pour le descendre plus vite ils mettent le feu à l’édifice. La charpente, le plomb et les cloches tombent sur les voûtes qui s’écroulent avec un fracas épouvantable ; le feu se communique aux bâtimens de l’abbaye, et au bout de quelques heures, cette belle et florissante maison n’offre plus qu’un monceau de ruines. La rage sacrilège des Huguenots n’étant pas encore assouvie, ils sapent les murailles de l’abbaye, et en abattent des pans considérables. T. ii, p. 266.Enfin, fatiguée de détruire, cette horde barbare se revêt des ornemens sacerdotaux enlevés dans la sacristie, et reprend le chemin d’Auxerre, où elle fit son entrée en vociférant des blasphêmes contre la religion catholique.

La Providence ne tarda pas à mettre un terme au succès de ces incendiaires : ils furent successivement chassés d’Auxerre et des autres places dont ils s’étaient emparés. Aussitôt l’abbé de Pontigny s’occupa des moyens de relever le monastère, pour y reprendre les exercices accoutumés. La chapelle de saint Thomas, moins endommagée que les autres, parut suffisante pour célébrer provisoirement l’office divin. Ces travaux de première nécessité, joints à la difficulté des temps, durèrent un an entier. Enfin on rappela les religieux, et déjà on se répandait en actions de grâces envers la Providence ; mais Dieu, dont les desseins sont impénétrables, abandonna de nouveau cette maison entre les mains de ses ennemis. En 1569, un an après son premier désastre, un détachement de Huguenots, de l’armée du prince de Condé, attiré par la cupidité, s’empare encore de