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de l’abbaye de pontigny.

la chambre du roi, capitaine des gardes, au sujet des revenus de l’abbaye, qu’ils voulaient s’approprier, comme héritiers du cardinal du Bellay.

En quels temps sommes-nous ? Des femmes, des séculiers se disputent, devant les tribunaux, les revenus de l’abbaye. La vie monastique, réduite à des questions d’argent, perd son élévation et sa grandeur, et n’a plus rien qui la rende chère au cœur de l’homme ; lorsque l’abbé se livre au plaisir du siècle, au goût des richesses, il est difficile que les religieux conservent intact le trésor des austérités religieuses. La splendeur du culte, et même l’état matériel du couvent, tombe en souffrance ; le nombre des frères va aller toujours décroissant, et cela servira les calculs financiers de l’abbé commendataire. L’abbaye n’est plus guère qu’une grande propriété qu’on exploite et que les hérétiques dans leurs expéditions effrayantes vont disputer à ses anciens maîtres.

Dès le commencement du seizième siècle, Luther avait poussé un cri de révolte contre l’Église sa mère. À sa voix, d’autres sectaires, animés des mêmes passions impies, prennent les armes et font partout d’horribles ravages. Ils sont connus dans nos pays sous le nom de Huguenots. Durant les siècles précédens, l’abbaye avait vu plusieurs fois ses fermes pillées, ses provisions enlevées. Ses ennemis au moins, n’allaient pas troubler les religieux jusque dans leur retraite. Mais les Huguenots en voulaient personnellement aux religieux ; ils leur avaient déclaré une guerre à mort. S’étant rendus maîtres d’Auxerre le 27 septembre 1567, ils pillè-