Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/204

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
histoire

comte de Montrevel osa se présenter à l’abbaye de Pontigny, et sommer l’abbé de Jaucourt et le procureur de la maison de le recevoir comme ayant la garde gardienne de l’abbaye ; mais l’abbé refusa, parce que ce droit appartenait tout au plus aux comtes de Tonnerre, et non aux vicomtes de Ligny-le-Châtel.

L’abbé de Jaucourt mourut au monastère de Fontenay, le 17 avril 1547.


JEAN DU BELLAY.

Le temps est déjà loin où les fondateurs de Cîteaux avaient écrit dans leur règle que les moines devaient avoir le droit et la faculté d’élire librement pour abbé et pour maître un homme de leur ordre, suivant le bon plaisir de Dieu et la règle de saint Benoît. Il avait aussi été dit, qu’aucun prince séculier, aucun comte, aucun évêque, pas même le Pontife de l’Église romaine, ne devaient envahir les possessions des serviteurs de Dieu, ni les vendre, ni les donner à titre de bénéfice, ni établir sur eux un chef contre leur volonté. Dans le fameux concordat entre Léon X et François I, par lequel toute l’Église de France fut livrée comme à la merci du pouvoir temporel , le monastère de Pontigny fut mis, à la vérité, au nombre des exempts, c’est-à-dire des maisons non sujettes à la commende ; mais, à la suite des guerres, on oublia la loi pour ne voir que ce qui flattait l’ambition.