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de l’abbaye de pontigny.

y était accueillie et protégée. On a vu des hommes recommandables par leur naissance, leur dignité, leur sainteté, s’y retirer comme dans l’asile de la piété. Les sciences y étaient honorées et cultivées. Il se forma dans l’ordre des théologiens profonds, de savans canonistes. C’est dans ces heureux temps que l’ordre de Cîteaux donna des Souverains Pontifes et des cardinaux à l’Église ; des évêques tous les diocèses, et que le concile général de Latran le chargea de la réforme des autres ordres. Enfin, pendant trois siècles surtout, l’ordre, et en particulier l’abbaye de Pontigny, jouit de la paix dans son sein, de la plus haute considération dans l’Église, et de la vénération du monde chrétien. On pourrait croire que j’ai oublié parfois ma qualité d’historien pour louer cette maison, quoique je me sois borné à exposer simplement des faits qui sont appuyés sur des documens irrécusables. Pour écrire autrement, il faudrait prendre à partie tous les seigneurs des environs qui sembleraient s’être donné le mot pendant quatre siècles consécutifs, pour payer le tribut de leur admiration aux vertus éminentes des religieux de l’abbaye de Pontigny. Il n’en sera pas de même des temps qui vont suivre. On ne verra plus revenir ces temps pieux où le saint roi Louis IX allait en pèlerinage s’agenouiller au tombeau de saint Edme alors que les vertus et la puissance morale des abbés avait une si grande influence sur les populations.

Un des premiers fléaux qui frappèrent l’abbaye de Pontigny fut la commende. Elle dut ce malheur à Jacques de Jaucourt, parent d’un abbé du même