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histoire

plupart de nos communes dans le deuil et la misère. En 1434, les religieux occupés dans leur monastère à fléchir le courroux de la vengeance divine, éprouvaient toutes sortes de privations. Ils adressèrent une réclamation à Philippe-le-Bon[1], duc de Bourgogne, pour être payés de dix émises de froment P. 318.que leur avait léguées Eudes III, aussi duc de Bourgogne. On voit dans cette charte que les campagnes étaient telement destruites et domagiez par le fait des guerres, que l’on manquait de subsistances. Le duc Philippe, en ordonnant que l’on payât la rente, dit « Considéré la poureté des diz religieux, et que la dite rente est rente d’aumosne, et aussi qu’il n’y a aucun empeschement, ne cause raisonable pourquoy elle ne doye estre paiée. » L’état de gêne dans laquelle se trouve l’abbaye était le triste résultat des guerres civiles. La France gémissait, sillonnée par des bandes de brigands qui ravageaient les campagnes, pillaient les fermes, prélevaient des contributions de guerre, ce qui, joint aux impôts déjà établis, réduisait le peuple à la dernière misère.

Au milieu de la détresse et de l’affliction générale, l’abbaye saisit avec empressement les occasions qui se présentèrent pour remplir la mission de charité qu’elle avait reçue d’en haut. Les moines oublièrent souvent leurs malheurs particuliers pour venir au secours de leurs frères. Cinq habitans de

  1. T. ii, p. 318.Philippe-le-Bon est qualifié de duc de Bourgogne, de Lotier, de Brabant, de Limbourg, comte de Flandre, d’Artois, de Bourgogne, palatin de Hainaut, de Hollande, de Zélande et de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines.