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GUILLAUME II.


Guillaume est le seul abbé illettré que l’on rencontre dans l’histoire de l’abbaye de Pontigny ; il ne savait pas même écrire ; mais, ce qui était infiniment plus précieux, il était animé de l’esprit de Dieu, et possédait la plus belle des sciences, celle des choses spirituelles ; c’est ce qui fit jeter les yeux sur lui pour remplir le vide que laissait l’abbé Jean, son prédécesseur. Il fallait que la considération de ses vertus fût bien grande, pour que l’on ait dérogé à l’usage établi de ne mettre à la tête de l’abbaye que des hommes qui réunissaient la science à la vertu.

Guillaume commença à ressentir les effets des funestes concessions de Thomas envers le comte de Tonnerre. Il avait brisé les scellés qui avaient été posés à la mort de son prédécesseur, en disant que l’abbaye n’avait jamais été sous la tutelle d’un comte laïque. Jeanne de Châlons, veuve de Robert de Bourgogne, comtesse de Tonnerre, intenta à cette occasion un nouveau procès au monastère, et malgré les efforts de l’abbé pour défendre les droits de son abbaye, la comtesse gagna, en prouvant que Robert de Bourgogne avait été reçu, dix ans auparavant, par Thomas, en qualité de gardien de l’abbaye. Ce procès endetta le monastère de dix mille livres, qu’on emprunta à l’abbé de Clairvaux. Le droit de garde gardienne consistait à poser les scellés à la mort de l’abbé, à veiller à la conservation des biens, meubles et im-