Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/148

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
histoire

roi Phiiippe-le-Bel. Comme elle traînait en longueur, on convint, pour le bien de la paix, de s’en rapporter au jugement de deux arbitres. La comtesse prit Robert, duc de Bourgogne, et l’abbé de Pontigny, prit Thibault, abbé de Giteaux. Il fut convenu que toute espèce de juridiction, tant pour instruire les causes, que pour rendre les jugemens et les faire exécuter, surtout dans les terres de Sainte-Porcaire, du Beugnon, de Beauvais et d’Aigremont, appartiendrait entièrement à l’abbaye de Pontigny ; que la garde des plaines, des terres, des bois, des chemins, des sentiers domaniaux, qui se trouvaient dans la circonscription de ces granges, serait aussi en toute propriété aux religieux de Pontigny. Cependant, on excepta les cas criminels ; d’après lesquels, selon les coutumes du comté de Tonnerre, un homme, une femme, une bête, pouvaient être condamnés à être pendus, à avoir un membre coupé, ou à être exilés à perpétuité[1]. P. 370.Ce droit de haute

  1. On condamnait alors une chèvre, un porc à être pendu, à avoir un membre coupé, ou à l’exil. Pro quibus (criminibus) secundum consuetudinem comitatûs Tornodori, homo, mulier aut bestia judicari potest, et debet suspendi, sive mori, corpus perdere, sive membrum, aut banniri in perpetuum duntaxàt. Qui casus nobis ac succcssoribus nostris remanebunt. C’est la comtesse de Tonnerre qui parle ainsi. Laissant à part le ridicule de ces condamnations juridiques du bétail, cette loi avait pour but d’obliger les serfs à veiller de près sur leur bétail, sous peine de se voir enlever tous ceux de leurs animaux qui auraient blessé les hommes ou endommagé les propriétés ; car il y avait beaucoup à craindre de ces gros troupeaux que l’habitude de fréquenter les bois avaient rendus à demi-sauvages. C’est de l’application d’une loi semblable qu’est venu le nom de rue du Chien-Pendu, que l’on trouve à Héry et à Hauteriye