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vacquer plus librement à l’affaire de son salut. Les auteurs de la Gaule chrétienne placent cet abbé avant Jacques, et mettent ensuite un abbé du nom de Pierre IV.

L’abbaye de Pontigny avait déjà cent cinquante ans d’existence. Un nouvel ordre de chose naissait dans la société chrétienne. La féodalité se ruinait et mourait dans les entreprises d’outre-mer ; l’autorité royale prenait de nouvelles forces ; les études, singulièrement favorisées par les croisades à cause des rapports avec la civilisation orientale, allaient sortir des cloîtres. Un nouvel idiôme se formait qui devait triompher de la langue latine et régner dans les villes et dans les campagnes. Les universités venaient de paraître, d’éclater même elles menaçaient de jeter dans l’ombre l’enseignement des cloîtres et des cathédrales. Dans ces mouvemens compliqués, l’Église remplit un rôle immense ; elle fonda et domina les universités ; elle se jeta dans les lettres, elle présida au conseil des rois, prit part à l’affranchissement des peuples ; quelquefois même, elle s’éleva contre l’effervescence d’une bourgeoisie émancipée. Dans ces combats de l’Église pour la cause de la civilisation, ses efforts n’étaient plus renfermés dans les cloîtres ; ils devenaient nécessairement extérieurs. De nouvelles voies s’ouvraient à l’activité humaine. La sécurité générale, menacée encore, s’accroissait par les progrès du temps.

Les ordres militaires religieux qui avaient été créés pour les guerres d’Orient, devaient naturellement déchoir de leur importance à la suite des croisades. D’autres ordres, purement monastiques,