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histoire

s’étaient arrogé, dans le bois de Revisy[1] N’ayant point de titres à présenter pour appuyer leurs réclamations dans cette forêt, ils résolurent de s’en venger par la force à la première occasion. Sur ces entrefaites, un moine, un frère convers et le célérier, viennent à passer dans leur- village plusieurs habitans se jettent sur eux, et les maltraitent tellement, qu’à peine peuvent-ils regagner le monastère. L’affaire parut aux assises de Villeneuve-le-Roy, des témoins furent entendus[2], et les habitans se virent condamnés solidairement à soixante livres d’amende, et à se trouver en braies, en chemises, nuz piez et sans coifes à trois processions, savoir à Pontigny, le jour de l’Assomption à Héry, le jour de Notre-Dame de septembre, et à Venousse, le jour de la Toussaint. Au commencement de chacune de ces processions, ils doivent faire amende honorable à l’abbaye, en déclarant que deci en avant,

  1. Hist. ms. de l’ég. d’Aux., t. iii et iv.Ce lieu, appelé anciennement Revisiacum, Rivisiacum, était une terre de franc-alleu, située, selon une ancienne charte, sur les limites du comté de Sens, sur la rivière de Serain, Viol., ms.dans un lieu appelé aujourd’hui les Vieux-Moulins, au-dessous de Rouvray. Leb., Mém., t. ii, pr., p. 250.Vers l’an 879, il est. fait mention du village de Revisy et de celui de Sarmoise, voisins l’un de l’autre. Cart. de Pont., t.ii, p.19 et 121Pierre, diacre de la cathédrale d’Auxerre, laissa en mourant les maisons, les terres et les vignes qu’il possédait à Revisy, pour son anniversaire, in pago senonico in villâ quæ dicitur Revisiacum. En 1114, l’abbaye de Pontigny possédait à Revisy un domaine, faisant partie de la grange de sainte Porcaire. Il ne reste aujourd’hui aucune trace de ces deux villages. On voyait encore, à Revisy, au treizième siècle, deux moulins, l’un à blé l’autre à foulon. Le canton a retenu le nom de Revisy.
  2. T. iii, p. 223.Pour la décision d’une affaire civile, les coutumes de Champagne exigeaient, au treizième siècle, le témoignage uniforme de trois laïques ou de deux prêtres.