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histoire

existence ; ils ne les tourmentent d’aucune exaction, ils ne leur imposent rien d’insupportable : s’ils les voient nécessiteux, ils les nourrissent de leur propre substance. Ils ne les traitent pas en esclaves, en serviteurs, mais en frères. »

P. 261.L’abbé de Pontigny et celui de Clairvaux furent obligés de porter leurs plaintes au pied du trône, pour faire cesser les rapines des nobles. Le roi Philippe-Auguste leur répondit, par une charte datée de Saint-Germain-en-Laie, en 1221 : « Considérant, dit ce prince, qu’il entre dans mes fonctions royales, de prendre sous ma protection les églises et les monastères, pour les soustraire à la rage des loups, je rends les baillis, les prévôts, les barons, les soldats, les écuyers ou vavasseurs, responsables des délits qui se commettraient sur les terres de leur juridiction ou de leur dépendance. Il nous a été rapporté que des grands et des nobles, sous prétexte qu’ils ont pris un monastère sous leur sauve-garde, se croient en droit de prélever sur lui, le blé, le vin, l’argent, le bétail, et tout ce qui leur est nécessaire pour fortifier leurs châteaux et leurs villages, même pour les expéditions guerrières qu’ils entreprennent ; ce qui est plus déplorable, c’est qu’on entre de vive force dans les monastères, et qu’on ne craint pas de répandre le sang, ce qui est si expressément défendu par la règle de Cîteaux : la paix intérieure, si essentielle aux maisons religieuses, est troublée, et ce contre-coup apporte le plus grand dommage aux établissemens. » Le roi cite plus de douze monastères, dépendans de Pontigny et de Clairvaux sur lesquels il étend la même protection. Que sont donc devenus