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THÉORIE MATHÉMATIQUE DE LA LUMIÈRE

peuvent même se détruire mutuellement, dans le cas où elles sont égales ; c’est ce qui a lieu pour les ondes rétrogrades, lorsque le centre d’ébranlement a la constitution particulière des ondes dérivées. Que l’on considère, par exemple, un élément d’une pareille onde au moment où ses molécules sont poussées en avant, c’est-à-dire dans le sens de la propagation de l’onde dérivée : on sait qu’alors ce mouvement en avant est accompagné d’une condensation, c’est-à-dire d’un rapprochement des molécules ; si les molécules n’étaient que déplacées et d’ailleurs sans vitesse au même instant, il résulterait de leur rapprochement une force expansive qui pousserait le fluide en arrière comme en avant, et produirait ainsi une onde rétrograde semblable à celle qu’elle exciterait en avant, mais dans laquelle les vitesses absolues seraient de signe contraire ; si, d’un autre côté, les molécules se trouvaient dans leurs positions d’équilibre au moment où l’on considère l’ébranlement, et recevaient seulement à cet instant les vitesses qui les poussent en avant, il en résulterait encore une onde en arrière, comme une onde en avant, puisque ces molécules seraient suivies par celles qui sont derrière, et ainsi de proche en proche ; l’onde rétrograde serait encore de même intensité que l’onde qui se propagerait en avant, et elle déplacerait les molécules du fluide dans le même sens ; mais l’onde rétrograde résultant de la simple condensation les pousse en sens contraire. Ces deux mouvements se retrancheront donc l’un de l’autre dans les ondes rétrogrades dues à la condensation et aux vitesses des molécules, tandis qu’ils s’ajouteront dans les deux ondes qui se propagent en avant ; si donc ces deux causes tendent à produire des effets égaux,