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LETTRES MISSIVES


_ injustement debattu. Tout ainsy que le dict roy a osé fomenter la desobeissance et division de mes subjects pour empieter mon Estat, j’ay creu m’estre, à plus forte raison, loisible de favoriser aussy les armes des siens, potu recouvrer ce qui leur appartient, et n’ay en cela diiieré avec luy` que d’une chose : c’est que ce qu’il a faict du com- mencement couvertement, et depuis continué soubs pretexte de reli- gion, je l'ay entrepris ouvertement, comme celuy qui n’a eu besoing d’excuse ou de couleur pour desguiser la justice de sa cause et de ses actions. Suivant quoy j’ay veritablement favorisé la guerre commen- _' cée au comté de Bourgogne par le baron d’Aussonville et le s' de Tremblecourt, soubs le nom et à la priere de mon cousin le comte Maurice de Nassau, mon amy et allié, pour luy aider à recouvrer les biens de sa maison, assis au dict comté, qui ne sont, comme vous scavés, de petite valeur, et par mesme moyen incommoder les pays et subjects du dict roy, comme il a faict les miens depuis cinq ans : en quoy je n’estime avoincontrevenu à la neutralité du dict pays, et d’autant plus qu’il est notoire à tous que le dict comté a toujours servy de passage aux forces du roy d’Espagne et de support à mes subjects qui m’ont faict la guerre, aussy bien au duché de Bourgogne, compris dans la mesme neutralité, que aux aultres endroitsfde mon Royaume ; ce que j’eusse continué par le mesme ordre et chemin, si le dict roy d’Espagne n'eust depuis publiquement envoyé et laict entrer ses gens dedans mon dict duché pour secourir le duc du Maine contre mon armée, qui avoit assiegé le chasteau de ma ville de Baune, lesquels sont encore logez dans ma ville de Chaalons au dict pays. _Mais ayant veu qu’il y procedoit de ceste façon, et qu’il n’y a sorte d’amitié, bon voisinage, bien, respect et promesses ny aulcim droict que luy, ou les siens ne violent, pour nfendommager et parvenir au but de leurs desseings, je m’en suis aussy resolu de m'en revancher par les mesmes voies ; car celles-là sont trop esloignées de mon naturel et indignes d’un prince qui craint Dieu et est plus jaloux de sa foy et re- putation que de sa propre vie_. Mais à imitation des Roys mes pre- _ decesseurs en semblables occasions, pour ce faire, j’ay depuis prié `