Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome3.djvu/777

Cette page n’a pas encore été corrigée
' 748
LETTRES MISSIVES

i battre l’armée de mes dicts ennemys, je me resolus de faire quicter le siege du dict Celles pour faire marcher mon armée en toute dili- gence vers Noyon, et au mesme temps je partis de__ma dicte ville de Tours ; et laissant ma dicte armée et mon baccaige derriere, e m’ad— vançay avec partye de ma cavallerye, aux plus grandes joirnées qu’il me fut possible, en intention d’incommoder l’armée de mes dicts ennemys à mon arrivée, et jecter du secours dans la dicte ville de Noyon, attendant 'la venue de ma dicte armée et des aultres forces que j’avois mandé de tous costez pour les contraindre à lever le dict . siege ou leur donner une battaille. Mais le malheur a voulu que quelque dilligence que _i’ay sceu faire pour secourir la dicte ville de Noyon (qui a esté telle que dans sept jours je me suis rendu de Tours en ceste ville de Compiegne), la dicte ville de Noyon a esté rendue par cappitulation, deux jours avant mon arrivée en ce lieu, non par ` faulte de courage et bon debvoir des assiegez, lesquels ont enduré dix-buict cens coups de canon et soustenu trois assaults, ains seule- ment pour ne l’avoir peu garder d’advantaige, tant ils ont esté furieu- sement battus et assaillys par mes dicts ennemys ; de quoy je suis trés marry, pour me veoir deceu de Pesperance que j’avois de conser- ver ma dicte ville de Noyon et encore plus de combattre mes dicts ennemys. Car aussy tost que le duc de Mayenne et le comte Charles m’0nt senty approcher d’eulx, ils se sont retirez devers Han, et le len- demain, ayant sceu mon arrivée en ceste ville, et que je faisois passer quelques-unes de mes trouppes pour aller à eulx, ils ont faict passer Q toute leur armée delà la riviere de Somme, et tout loger cinq lieues par delà Han. Depuis, leur dicte armée a commencé à se desbander, s’en estant retournées en leurs garnisons les trouppes de Picardie et aultres lieux. J’ay aussy appris par plusieurs advis que le comte Charles s’en retourne au Pays—Bas avec ses trouppes, estans pressez de ce faire par le progrez du comte Maurice, qui depuis peu de jours a pris une ville au dict pays et en a assiegé une autre. D’ailleurs la mort . d’Apio Conti, collonnel des trouppes du Pape, lequel a esté tué par Cbasteaubrun, nepveu de Bassompierre et collonnel d’un regiment de