Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/104

Cette page n’a pas encore été corrigée
94
LETTRES MISSIVES

certes, Monseigneur, à laquelle il leur estoit mal-aisé, despendant de vostre grandeur comme je fais, de parvenir, que par la vostre. En ceste qualité donc, Monseigneur, il vous avoit pleu commander à vos gouverneurs, lieutenans — generaulx, baillils, seneschaulx et aultres vos ofliciers, de leur courre sus, comme à rebelles et perturbateurs. du repos public. A toutes vos courts de parlement aussi furent envoyées vos declarations verinées en icelles, par lesquelles ils sont desclarez crimineulx de leze majesté ; et de là sont ensuivis plusieurs arrests solennels, et en consequence des dicts arrestsi quelques executions tres importantes en divers endroicls de ce Royaume, pour marque exemplaire de leur rebellion et conspiration contre l'Estat, et du jugement que Vostre Majesté et vostre conseil, et vos courts de parlement avoient faictde leurs desseings. Ce nonobstant, Monseigneur, Vostre Majesté, selon sa clemence naturelle, avoit trouvé bon, et m’auroit faict cest bonneur de le m’escrire, de les ramener à leur devoir par doulceur, mlauroit aussi commandé de me contenir en patience pour vous donner le loisir de mieulx distinguer et faire cognoistre à vos subjects combien estoient differentes les causes qui les mouvoient et leurs pretextes : chose à Vostre Majesté assez cognuë, mais qu’il estoit necessaire de faire cognoistre à vostre peuple, lequel, soubs la faulse ombre de religion, ils avoient voulu desvoyer de leur devoir ; A vostre commandement, Monseigneur, Vostre Majesté se peut ressouvenir avec quelle patience j’ay'acquiescé et obeï jusqu’à present ; et n’ignore toutesfois, selon sa prudence et eqnité, les justes occasions qui sollicitoient et importunoient à tous momens ma patience, me voyant pris à partie par les ennemis de Votre Majesté qui declaroient tout ouvertement n`avoir d’aultre but que maruine ; me voyant en bute à leurs attentats et entreprises, sans oser, pour la reverence que je voulois rendre à vos commandemens, tant soit peu me remuer, les voyant passer, et devant mes yeulx, et presque entre ines mains, armez contre vous, animer contremoy, tous les jours tentant quelque entreprise, ou sur les places de mon gouvernement, ou sur mes maisons, ou sur moy—mesme, sans vous pouvoir faire le