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la dicte ville ; et depuis j’ay faict razer toute la fortification qu’il avoit faicte au dehors de la maison qu’il a aux champs, prés du dict Bazas, ainsy que le sr de Clermont, qui estoit present et s’y employa, peut tesmoigner. Depuis, l’estat de la dicte ville a esté changé, et y a esté mis garnison, citadelle bastie contre l’edict et ses accords, et conventions passées et jurées entre monsr le mareschal de Matignon et moy ; et tout le bois, planches, chevrons, portes, fenestres, qui estoient dedans la dicte maison du dict Casse, qui est dedans la dicte ville, emportez et bruslez par les soldats de la dicte garnison ; et Capdeville, habitant, de la Religion, fort paisible, et nagueres consul, assassiné et tué, sans qu’il en soit faict justice ; le consulat et jurade changés et forcés illegitimement, contre les privileges de la dicte ville. Cela a esmeu le dict Casse de fortifier de nouveau sa maison aux champs, et mander ceulx des villages pour y travailler, et, estant esté pris un des siens, d’user de représailles contre aulcuns des habitans de la dicte ville. Il est homme bestal, sans jugement et privé de sens, comme n’ayant voulu oyr les gentilshommes que j’ay depesché vers luy pour le faire contenir et obeir ; et n’y a homme de bien qui ne le baisse ou qui le veuille supporter. Mais aussi il n’a tué personne, ne faict les excés et cruautés que nagueres ceulx de Lavaur ont commis à Viterbe, ne les ravages, forcemens de filles et femmes et aultres crimes detestables, que ceulx qui ont actempté sur Figeac ont fait ; de la punition desquels on ne fait instance à Vostre Majesté, ce qui fait cognoistre qu’il y a beaucoup d’inegalité. Je confesse qu’il y a au faict du Casse beaucoup de mal contre vostre authorité, mais aussi il y a de la menée et passion estrange de ceulx de Bordeaux et Bazas, qui, à quelque prix que ce soit, ont resolu d’oster cette espine de leur pied, et font certainement le loup plus grand qu’il n’est. Et aucuns, non contens de cela, partisans de ceulx qui en ce Royaume ne sont gueres affectionnez à Vostre Majesté et Estat, et qui me sont ennemis, essayent d’user de ceste occasion pour me rendre odieux à Vostre Majesté et au peuple, et engendrer au cueur de Vostre Majesté quelque sinistre opinion ou alteration contre moy ; pour aux-