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pour satisfaire à la volonté de Vostre Majesté, et y estre par elle pourveu ; en quoy j’apporteray tousjours de ma part ce que doibt un homme de ma qualité, ayant cet honneur de vous appartenir de si prés, et d’avoir esté nourry avec Vostre Majesté. Cependant je la supplie trez humblement, pour le bien de son service, de vouloir commander que les garnisons qui sont dedans les dictes villes de seureté, auxquelles il est deub huict mois, soyent payées, attendu que leur payement du dernier quartier de l’année passée a esté receu ; et pour cestuy-cy, le peuple, sans charger voz finances, les payera aisement, pour le moings qu’attendant que je sois de retour de Languedoc (auquel temps on pourra s’employer à vuider ce qui reste à executer de l’edict), il leur soit payé quatre moys, qui est la moitié de leur debte.

Et parce que j’ay entendu, Monseigneur, que aucuns ont poussé quelques habitans de la Sauvetat, village prochain de Puymirol, de depputer vers Vostre Majesté pour demander justice du meurdre qui a esté commiz, comme semblablement ceulx de Bazas, pour faire le semblable des violences du Casse, je n’ay voulu faillir d’en escrire à Vostre Majesté, non pour les excuser, mais pour l’en informer au vray : et premièrement, pour le regard de Puymirol, que ceulx de la dicte garnison, auxquels il estoit deub sept mois de leur soulde et entretenement, estans allez aux villages voisins pour recouvrer quelques vivres, offrans de les payer lorsqu’ils seroient payez, les paysans des dicts villages auxquels on avoit mandé d’empescher ceux de la dicte garnison de prendre aucuns vivres, avec asseurance qu’ils seroient soustenus, tindrent fort en leur maison et tuerent un soldat, nommé Lartigolles, qui avoit esté de mes lacquais ; ce qui les eschauffa tellement qu’ils voulurent forcer la maison où estoient les paysans, auxquels arriva le secours de touttes parts. Le feu y fut mis, qui fit mourir une grande partie de ceulx qui estoient dedans : qui est un accident advenu mal à propos, dont je suis trez marry, et qui merite punition.

Quant au Casse, je le fis, long temps a, sortir de Bazas, et demolir toutte la fortification qui estoit en la maison qu’il avoit dedans