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1584. — 12 mars. — IIme.

Cop. — Biblioth. de Tours, ancien manuscrit des Carmes, coté M, n° 50, Lettres historiques, p. 136. Communiqué par M. le préfet.


À MONSIEUR LE DUC CASIMIR.

Monsieur mon Cousin, Entre voz aultres vertueuses et louables actions et entreprinses, celle que vous avés faicte pour la deffence de monsieur l’electeur de Coloigne, prince du Sainct Empire[1], est d’aultant plus estimée et celebrée entre les gens de bien, qu’il y a plusieurs siecles qu’il ne s’est offert affaire plus important en toute la Chrestienté, ne de plus notable consequence pour l’advancement de la gloire de Dieu et ruine du siege opposé à celuy de Jesus-Christ ; ce que avec le retour du sieur de Banos, conseiller et ambassadeur du dict sieur electeur, j’ay bien voulu vous tesmoigner, et vous prier ne deslaisser poinct la perfection et accomplissement d’un si bon et sainct œuvre, et qui sera remarquable à la posterité en l’eglise de Dieu, ne permectre qu’aultre y mette le pied devant vous ; ains par vostre exemple, auctorité et persuasion, exhorter et esmouvoir les aultres princes chrestiens et generalement toutes les eglises et communaultez qui font profession de la Religion, à l’employer pour le secours du dict sieur Electeur, et deffense d’une cause qui n’est point sienne, mais de Dieu, et nous est commune avecques luy. De ma part, je desire (encores que nos eglises soient fort menacées de ruine et dissipation) y confondre mes conseils et moyens, par tous les bons effects qui seront en mon pouvoir, ainsi que le dict [sieur de Bancs] vous dira plus particulierement. Sur lequel me remettans, je vous prieray de vouloir, Monsieur mon Cousin, faire tousjours estat de mon amitié et service, et vous en asseurer comme de chose qui vous est acquise et perpetuelle : comme aussy je supplie Nostre Seigneur vous vouloir maintenir en sa protection et saincte prosperité. De Pau, le xije mars 1584.


HENRY.
  1. Sur les affaires de l’électeur de Cologne, voyez la lettre du 18 juillet 1583, note 2.