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de la paix, aïant tres-bien consideré Sa Majesté, qu’il dependoit principalement d’une bonne et droitte justice. Et oultre ce qu’on ne la pouvoit attendre aultre de vostre reputation, plusieurs l’ont receüe telle en effet de vous. Mais, Messrs, il fault que je me plaigne à vous que le public ne s’en est pas jusques icy ressenti, comme il eust esté necessaire pour le bien de la paix, encores que l’object fust devant vos yeulx, pour le vous ramentevoir à toute heure. Qui faict penser à plusieurs que vos bons mouvemens n’ont esté si libres qu’il eust esté à souhaitter. L’edict de paix requeroit que l’exercice de la religion reformée fust remis en la ville de Perigueux ; aussi que les autheurs et complices de l’infraction de paix, faicte en la surprise de ladicte ville, fussent punis selon les rigueurs contenues au dict edict ; et souvent je vous en ay escript en conformité des edicts du Roy mon seigneur, et des depesches qu’il luy en a pleu expedier par diverses fois. Cependant, Messrs, il n’a esté aulcunement touché ny à l’un ny à l’autre. Au contraire les povres habitants de la Religion sont privés de tout exercice, et les coupables se pourmenent devant vos yeux, comme si le crime avoit entrepris, en vos personnes, de triompher de la justice.

Messrs, vous en sçavés assés la consequence, sans que je la vous die. Il importe grandement au repos de ce Royaume, à l’establissement de la paix, et, je diray encor, à la reputation d’une si honorable compagnie, que vous laissiés en la ville de vostre seance, aprés une si longue demeure, quelque trace remarquable d’une vraye et effectuelle paix, et quelque exemple notable contre les infracteurs et violateurs d’icelle ; et pour l’honneur que je porte à la justice, et mesme à vos dignités, je serois marry que par quelque occasion ceste loüange vous fust destournée. Je vous prie donc, pour l’interest public, qui principale1nent vous a appelés en ce païs, d’y vouloir mettre la main à bon escient, premier que partir ; mesmes maintenant qu’il a pleu au Roy mon seigneur me declarer, par le retour du sr de Clervant, qu’il vouloit et entendoit que son edict fust pleinement executé, nommeement en ce qui concerne ladite ville de Pe-