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dict voyaige est beaucoup advancé, et depuis quelquetemps il a pleu à Dieu appeler à soy monsieur mon cousin l’Electeur Palatin, et mis monsieur le duc Casimir, son frere, en de grands affaires (pour estre le faix de toute ceste maison tombé sur luy, et la dignité et l’auctorité d’icelle), j’ay advisé de l’envoyer visiter, tant pour la precedente cause, que pour me condoloir avec luy de la mort de feu monsieur mon cousin, et luy offrir de ma part, en ses affaires, tout ce qui estoit en moy et qui despendoit de mon pouvoir. Cest pourquoy j’ay despesché presentement le sr de Buzenval, gentilhomme de ma chambre, present porteur, avec exprez commandement de vous visiter et saluer de ma part, et d’employer à cest effect une partie de son voyage, afin de vous faire entendre le desir que j’ay que ce qui a esté proposé et mis en avant pour la reunion de nos confessions vienne à quelque bon effect, à ceste occasion, demander vostre conseil, et vous prier d’apporter le zele, et affection que vous avez tousjours demonstrez en tout ce qui touche le faict de la Religion, à l’advancement de ceste œuvre si utile, voire necessaire à toute la chrestienté, qui est digne de vous et de vostre prudence et pieté. Je luy ay aussi donné charge de vous faire entendre l’estat noz affaires et de noz eglises, duquel je cognois qu’il est d’aultant plus important que soyez bien deuement advertis, que je ne doubte poinct que ceulx qui taschent par tous moyens de les troubler et ruiner au dedans n’exercent les mesmes praticques au dehors pour les rendre odieuses aux estrangers. J’estime tant, Magnifiques Seigneurs, voz graves et saincts jugemens, que, quand vous serez bien au vray informez de tout ce qui se passe par deçà, vous maintiendrez toujours nostre innocence contre tous ceulx qui la voudroient artificieusement calomnier, et mettrez peine pour l’entiere affection que portez a ceste couronne, que la volonté qu’a montrée le Roy au maintienement de la paix jusqu’à ceste heure ne soit traversée et alterée par ceulx qui, servans à leurs desseings et passions particulieres, taschent à tourner ses bonnes intentions en quelques mauvais effects contre le bien et repos de cest Estat. Je vous prieray donc, Magni-