Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/602

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hunc ergo nobis carissimum cum vestra Serenitate de tot tantisque rebus ad Reipublicæ Christianæ utilitatem spectantibus tractaturum, enixe oramus ut eadem humanitate eademque fide audiat ac me ipsum, si præsentem intueretur. Explicabit ille Serenitati vestræ copiosissime atque prolixissime, quæcunque in mandatis ei dedimus, nihilque prætermittet eorum, quæ a Serenitate vestra desiderari et expectari a nobis possent.

Quæ omnia quoniam ejus integræ fidei et incorrupto judicio permisimus, ut ea Serenitati vestræ fusius et prout tantarum rerum dignitas postulat repræsentaret, non morabimur Serenitatem vestram longioribus literis ; tantum enixissime a Serenitate vestra petimus, ut nos quæ cœpit benevolentia prosequatur, et a nostra parte omnem amorem et observantiam exspectet, nosque ut Serenitati vestræ devotissimos amplectatur, simulque Deum Optimum Maximum precabimur ut Serenitatem vestram quam diutissime rebus christianis afflictis ad earumdem restaurationem conservet incolumem.

Datum Neraci, ultima die mensis julii, anno Domini 1583.


HENRICUS :


ALLIARIUS ;

Mandatu.




[1583. — 31 juillet.] — IIIme.

Imprimé. — Henrici, Navarrorum regis, epistolæ, etc. Utrecht, 1679, in-12, p. 1.


AD RUDOLPHUM II, ROMANORUM IMPERATOREM[1].

[2] Potentissimo Cæsar, Frater et Consanguinee observantissime, Promulgato in Gallia pacis edicto, incredibili quodam desiderio

  1. Rodolphe d’Autriche, fils aîné de l’empereur Maximilim II et de Marie d’Autriche, fille de Charles-Quint, né à Vienne le 18 juillet 1552, roi de Hongrie en 1572, de Bohême en 1575, élu roi des Romains la même année, succéda, l’année suivante, comme empereur d’Allemagne, à son père, mort le 12 octobre 1576, gouverna trente-sept ans l’empire, et mourut à Prague, le 20 janvier 1612.
  2. À cette lettre sont jointes des instructions en latin, rédigées dans le même sens. Quant aux instructions plus confidentielles, écrites en français, et que les Mémoires de Mornay nous ont conservées, elles ne contiennent rien sur cette visite, et s’étendent, au contraire, sur les avis à donner aux princes de l’empire contre l’agrandissement de la maison d’Autriche. Cette lettre peut donc être considérée comme une sorte de formalité. Du reste, Rodolphe, tout en donnant à des études de science le temps qu’eussent réclamé les affaires de l’Empire, s’occupait des nouvelles de notre pays avec une curiosité que pouvait entretenir sa sœur, veuve de Charles IX, reine douairière de France, alors retirée à Vienne. On voit avec quel soin ils étaient tenus au courant, par les détails si curieux de la correspondance du celèbre ambassadeur Busbec. Voici la traduction de cette lettre :

    À RODOLPHE II,
    EMPEREUR DES ROMAINS.

    « Très-puissant Empereur, mon très-honoré Frère et Cousin, Après que l’édit de pacification eut été promulgué en France, nous fûmes saisi d’un incroyable désir de visiter la plupart des rois et des princes Chrétiens qui ont le mieux mérité de la chrétienté. Mais la haute sagesse de votre majesté impériale, et les héroïques qualités de son esprit, nous faisaient particulièrement désirer de nous entretenir avec elle. Pour cet effet, nous étions décidé, l’année passée, à entreprendre un voyage long et difficile, lorsque tout à coup ont surgi de nouvelles difficultés pour l’établissement de la paix en France. C’est ce qui nous a retenu au moment où nous étions pour ainsi dire prêt à partir, et ce qui nous retient encore bien malgré nous. Tel est le motif qui nous a fait envoyer le sieur Jacques de Ségur, chef de notre conseil privé, vers la plupart des autres princes, ainsi que vers votre majesté impériale, afin qu’il lui témoigne de vive voix quels sont à son égard notre affection, notre zèle et l’inclination de notre cœur, dont nous nous proposons de lui donner des marques par toutes sortes d’attentions et de bons offices ; de plus, afin qu’il traite, d’après ces instructions et en notre nom, avec votre majesté impériale, des affaires de la plus haute importance d’où dépend le salut de la chrétienté. Comme nous sommes persuadé de l’exactitude et du zèle qu’il mettra et s’en acquitter, et que, vu l’importance des affaires, votre majesté l’écoutera favorablement avec sa bonté accoutumée, nous n’excéderons pas les bornes d’une lettre, et nous prierons le Dieu tout-puissant qu’il conserve fort longtemps votre majesté impériale en parfaite santé pour le salut et la conservation de l’Allemagne, ainsi que de tout le monde chrétien.

    HENRY. »