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vignan m’a confirmé le soing et souvenance que vous en avez ; dont je vous mercie. J’entends toutesfois que le receveur Bonaud faict tout ce qu’il peult pour les toucher ; ce que je treuve bien estrange. Qui me faict vous prier de l’en empescher, et que le sr de Gourgue, ne ceux de sa compagnie, n’en ordonnent autrement à mon prejudice. Au demeurant je vous advise que, ennuyé de ma diete et de garder la chambre si longuement comme j’ay faict, j’ai deliberé de prendre l’air deux ou trois jours ; de quoy je me treuve bien. Touttefois j’espere estre demain de retour à Nerac, où je seray fort ayse d’entendre de vos nouvelles : vous priant de m’en mander, comme à celuy qui les recevra avec la mesme affection que vous sçauriés desirer de

Vostre bien affectionné cousin et meilleur amy,


HENRY.



1583. — 12 avril.

Orig. — B. R. Fonds Béthune, Ms. 8854, fol. 82 recto.


À MON COUSIN MONSR DE MATIGNON,

MARESCHAL DE FRANCE.

Mon Cousin, Ceulx de la religion reformée de Villeneufve d’Agenoys envoyent vers vous pour, suivant les editz de paix du Roy mon seigneur, avoir l’exercice de leur religion dans l’enceinte de la ville. C’est chose qui ne leur peut estre desniée, ayant pour loy et reigle indubitiable les mots exprés du dict edict ; à l’entretenement duquel sçachant combien vous apportez de sincere affection, je ne m’amuseray à vous y exciter par ceste mienne. Bien vous prieray-je de considerer que la chose qui plus nourrit les deffiances parmy les ungs et les aultres est d’y laisser durer les marques de l’oppression. Il n’est que bon de faire garde dans les villes, mais non d’y avoir des citadelles, lesquelles, oultre la despense, ne servent que d’accroistre l’insolence des ungs et la juste crainte des aultres. Je vous prye affectueusement, mon Cousin, pourvoyant à l’exercice des dicts de la religion reformée à Villeneufve, faire oster les dictes citadelles,