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1582. — 21 décembre. — Ire.

Cop. — B. R. Suppl. fr. Ms. 1009-4.

Imprimé. — Mémoires de messire Philippe de Mornay, seigneur du Plessis Marli, t. I, pages 109 et suiv. 1re édit. de 1624, in-4o.


[1] AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.

Monseigneur, Je ne pourrois representer à Vostre Majesté le contentement que j’ay eu des lettres qu’il vous a pleu m’escrire du xxiiie du mois passé ; esquelles me faictes ceste faveur de m’asseurer de plus en plus de vostre bonne grace et bienveillance, et de me desirer auprés de vous[2] pour m’en faire plus vivement sentir les effects. Seulement, Monseigneur, je supplie tres humblement Vostre Majesté de croire que je cognois tres bien qu’aprés la faveur de Dieu je ne puis desirer rien de plus grand que la vostre, et que le plus grand bien et honneur que je puisse avoir, c’est d’estre prés de Vostre Majesté pour pouvoir desployer mon cœur devant Elle par

  1. Mornay a imprimé en marge de cette lettre : Dressée par M. du Plessis
  2. Ceci est confirmé par une lettre que la reine Marguerite écrivait quelques mois auparavant à son mari : « Monsieur de Clerevan a eu du Roy la mesme response que monsieur de Segur. Bien luy a-t-il commandés et à moy encore plus expressement, de vous escrire l’envie qu’il avoit que vinssiez, asseurant que vous feriez beaucoup plus aisement vos affaires vous-mesme que par autrui ; et pource qu’il s’en va aux bains, où il ne veut avoir compaignie, il m’a commandé vous escrire que vous trouverez la Royne ma mere et toute la court à Sainct Maur. » (Mémoires et lettres de Marguerite de Valois. Paris, 1842, in-8o, page 286.)
    Et dans une autre lettre du commencement de l’année suivante, parlant encore de ce désir du Roi son frère : « Il me commanda le vous escrire et me dict qu’il vous escriroit, incontinent qu’il seroit revenu de la chasse, où il est allé pour trois jours, non sans vous y souhaiter infiniment, et à une musique qui s’est faicte dans le Louvre, qui a duré toute la nuit, et tout le monde aux fenestres à l’ouïr, et luy qui dansoit en sa chambre, se plaisant beaucoup plus à tels exercices qu’il n’a accoustumé. Le bal et la table ronde se tiennent deux fois la semaine, et semble que l’hiver et caresme-prenant qui s’approche ramene le plaisir à la cour ; et, si j’osois dire, si vous estiez honneste homme, vous quitteriez l’agriculture et l’humeur de Timon, pour venir vivre parmi les hommes. » (Ibid. p. 292.)