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blissement de la paix. Je vous le renvoye donc, afin que vous le presentiés à la court de parlement, vous remerciant bien affectionneement de la communication que m’en avez faicte, et des aultres depesches que m’avés envoyées. Je suis bien ayse que le Roy mon dict seigneur ayt eu agreable l’eschange de Perigueux et de Pemyrol[1], avec les cinquante mille escuz. Mais de rendre la somme payable en deux ans à quatre termes esgaux, par les habitans du dict Perigueux et pays de Perigord, pour la reparation de la faulte commise, je trouve cela fort contraire et prejudiciable, non seullement au service du Roy mon dict seigneur, et à mon interest particulier joinct à icelluy, mais aussy à la paix et tranquilité publique et à ce qui en avoit esté traicté et convenu entre nous. Car je n’ay jamais pretendu la dicte somme que pour l’employer et rapporter au service du Roy mon dict seigneur, et pour m’obliger d’aultant plus à icelluy ; et la prenant à si longs et divers termes, ce me seroit un moyen presque du tout inutile. Davantaige estant la dicte somme assignée sur la dicte ville et pays de Perigord, ce seroit confirmer la maulvaise opinion qu’aulcuns ont eu de moy, que j’avois vendu la dicte ville, ce qui nuiroyt par trop à mon honneur et reputation, et seroyt suffisant pour me faire perdre la creance que j’ay sur ceulx de la Religion. On m’a cy devant offert, comme je vous ay dict, pour la reddition de la dicte ville cent mille livres comptant, et, oultre ce, vingt cinq mille à aulcuns de mes gens ; à quoy je ne voulsis jamays entendre. Il y a un poinct à considerer plus que tous aultres, en ce qui est dict, que c’est pour la reparation de la faulte commise : nous n’avons jamays entendu que, pour argent quelconque, ceste faulte deust estre reparée. Car Sa Majesté ne se sçauroit tant ne plus prejudicier que de rendre ce faict impugny, et hors de la congnoissance de la justice, pour la maulvaise consequence que d’aultres pour-

  1. « Sa Majesté lui ayant répondu qu’après tant d’outrages de la part des protestans, elle ne pouvoit pas leur faire rendre une place dont les catholiques étoient maîtres, au lieu de Perigueux, on leur donna pour place de sûreté Puymirol, bicoque près d’Agen. » (De Thou, Hist. universelle, l. LXXIV, année 1581.)