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quelque aultre, faict à sa poste, et mettre pour jurats les srs de la Salle, du Cyron et du Bosq, que chascun cognoist pour le faict de Langon. Quant est de le recevoir en ma bonne grace, pour tenir le rang que j’ay en ce royaulme je ne suis moins serviteur du Roy ; et à ceulx auxquels je ne doibs ceder pour l’un, je ne cederay pour l’aultre, ny en fidélité ny en affection. Ce que l’on cognoistra plus evidemment quand on la vouldra preferer aux moindres. Pour ceste occasion, ses services ne doibvent entrer ny en comparaison ny en consideration de mon honneur ; qui seroit me diminuer la volonté que j’ay d’en faire de plus grands qu’il n’en aura jamais de moyens. Je n’ay poinct refusé l’escript qui m’a esté presenté ; mais ayant seulement esclaircy quelques mots qui me sembloient ambigus, on ne m’en a parlé depuis. Dont je n’ay pas esté marry. Je sçais, graces à Dieu, me contenter de la raison, et d’une honneste satisfaction, quand elle procede du cœur comme de la bouche ; et s’il doubte dire quelque parole pour raison de laquelle on peut blasmer ses actions passées pour le service du Roy, je ne fais moindre difficulté d’en recepvoir de prejudiciable à l’honneur non seulement myen, mais de tous les princes du sang, auxquels on s’attacheroit desormais trop librement et à bon marché. Je n’entre poinct sur le service du Roy, que je prefere à toutes choses ; mais on ne s’en doibt pas masquer pour bastir une fortune de la ruine des grands. Si je le permettois, ce seroit une tache aux miens par trop prejudiciable, au Roy, à sa dignité et à sa postérité. Excusez, Monsr de Bellievre, ung si long discours, ayant pris plaisir en la lecture de vos lettres, auxquelles je n’ay pu respondre moings, vous ayant beaucoup d’obligation de tant de bonne volonté et de bons offices. Lesquels je vous prie me