Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du Roy, et au bien de son Estat. Quant est de la querelle du sr de Fleurac contre le sr de la Roque, si tost que je fus adverty de quelque assemblée, j’envoyay le sr de la Roque Giffart, enseigne de mes gardes[1], devers eulx leur faire deffense de se rien demander, et leur donner jour de me venir trouver pour entendre leur differend et les mettre d’accord. J’en manday aultant au sr de Vivans, qui y estoit meslé[2] et aux aultres gentils-hommes du pays, de ne les accompaigner. Despuis je n’en ay oy parler. Quant à l’arrest donné contre moy, me privant de l’exercice de ma religion en ma dicte ville de Vendosme, ma precedente lettre vous y satisfaict. Despuis laquelle, contre la promesse que m’avez escripte, le dict arrest, bien qu’il n’ayt esté levé, a esté signifié par l’abbé et eschevins, qui demonstre assez qu’ils ne sont poussez que de sedition et mutinerie, se servant d’un reliquaire[3] pour alterer l’edict. Ce que je trouve bien estrange ; et que moy, qui tiens le premier rang de ceulx de la Religion, sois privé de l’exercice d’icelle en ma principale maison. Que pourront esperer les aultres ? Touchant vostre partement, il a donné l’allarme à beaucoup qui en ignoroient la cause ; joinct les advis qu’on avoit de toute part, que les catholiques devoient prendre les armes le xxiv, et le bruict qui couroit du retour du mareschal de Biron à Bordeaux ; aussy qu’il se dressoit plusieurs entreprises pour surprendre villes, dont les nouvelles venoient à coup. Tellement que j’ay changé mon voyage de Foix ; et partant des Baings, suis retourné en ce lieu, ayant conferé par les chemins avec plusieurs de la noblesse, et remis, graces à Dieu, toutes choses en assez bon estat. Une me desplaist : de n’avoir encores nouvelles de la reddition de Mendes[4], pour laquelle vous sçavez les despeches que

  1. Il était gentilhomme de la chambre en 1586, comme on le voit dans l’état de la maison du roi de Navarre, dressé par Du Plessis-Mornay.
  2. Voyez ci-dessus la lettre du 22 mai 1581.
  3. La sainte larme, relique en grande vénération, était conservée à l’abbaye de la Sainte-Trinité de Vendôme.
  4. Le prince de Condé, qui s’était mis assez ouvertement à la tête des ennemis de la paix, s’entendait avec le capitaine Merle, possesseur de cette ville : ce vaillant aventurier n’avait garde de s’en dessaisir.