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que, bien que l’execution en eust peu estre differée, elle estoit inevitable. Ce qu’ayant preveu de longue main, et pour n’estre prevenu, j’envoyay devers monsieur le duc Casimir[1] traicter de quelques secours ; dont le sr de Serres me rapporta assez bonne response ; aussy je donnay ordre, pour la promesse que m’avoit faicte le sr de Clervaut[2] en recevant ce qui lui estoit deub. Je depeschay le sr de Quitry[3] en Allemagne ; j’escrivis à toutes les provinces pour avoir les gens de conseil qui m’avoient esté ordonnez : ce que je n’ay peu obtenir. Cependant j’avois de tous costez nouvelles plainctes et nouveaulx advis de plusieurs endroicts, sur lesquels j’ay esté forcé et contrainct de recourir aux armes, à mon trez grand regret. Et apres l’assemblée que je feis convoquer à Milhau[4], en laquelle plusieurs deputez ont failly de se trouver, la chose que j’ay le plus desirée a esté de vous assembler tous en general, pour adviser avec vous aux moyens de nostre commune conservation ; ne voulant rien entreprendre de moy seul, afin de garder l’intelligence et mutuelle correspondance de laquelle je ne me suis jamais separé. Depuis, vous avez peu entendre le progrez de nos affaires, les prises que nous avons faictes, et ce

  1. Jean Casimir de Bavière, comte palatin, qui tient malheureusement tant de place dans cette partie de notre histoire, et que les mémoires du temps appellent souvent le Casimir, né le 1er mars 1543, était le quatrième fils de Frédéric III, duc de Bavière et de Simmeren, comte palatin du Rhin, électeur de l’empire, et de Marie de Brandebourg. Il fut un des plus violents propagateurs de la religion protestante, fit plusieurs expéditions en France pour secourir ce parti, devint, en 1583, administrateur de l’électorat de Bavière, pendant la minorité de son neveu Frédéric IV, et mourut le 6 janvier 1592.
  2. Claude-Antoine de Vienne, seigneur de Clairvaux, baron de Copet, souverain de Courcelles et de Bélancourt, colonel de cinq mille reîtres, était fils de Claude de Vienne et de Claudine du Châtelet. Son second fils, Gédéon, baron de Clairvaux, servait à l’armée de Henri IV, lors de la prise du faubourg de Paris, où il fut tué.
  3. Jean de Chaumont, seigneur de Quitry ou Guitry, de Forest, de Lebecourt, etc. chevalier de l’ordre, conseiller et chambellan du duc d’Alençon, capitaine de cinquante hommes d’armes, en 1590, et lieutenant général des armées du Roi, fils aîné d’Antoine de Chaumont et de Jeanne d’Assy, mort en 1592.
  4. Une assemblée générale des églises réformées de France, pour s’unir avec le maréchal de Damville, s’était déjà tenue en cette ville au mois d’août 1575.