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1574.

Les premiers mois de cette année furent remplis, à la cour, par la découverte de la conspiration qui devait faire concorder une reprise d’armes des huguenots avec l’enlèvement du roi de Navarre et du duc d’Alençon, regardés, assez réellement comme prisonniers. L’issue de cette tentative fut le supplice de La Mole et de Coconnas, chefs du complot, qui eurent la tête tranchée le 25 avril. Dès le commencement de l’instruction, un mois auparavant, le roi de Navarre et le duc d’Alençon avaient été traités en véritables prisonniers, accusés d’un crime d’état, et interrogés en conséquence à Vincennes. Le roi de Navarre montra en cette occasion autant de dignité et de prudence que le duc d’Alençon laissa voir de faiblesse et d’indiscrétion. Quant au prince de Condé, qui alors se trouvait à Amiens, il s’était réfugié en Allemagne. La mort de Charles IX, le 30 mai, rendit la régence à Catherine de Médicis jusqu’à l’arrivée du nouveau Roi. Pour ne point perdre de vue le roi de Navarre et le duc d’Alençon, elle les emmena à Lyon au-devant de Henri III. Ils y reçurent ce prince, à son retour de Pologne, y passèrent avec lui deux mois et demi, et y revinrent encore à la fin de l’année, après une excursion de toute la cour en Provence.

1575.

Après le sacre et le mariage de Henri III à Reims, au milieu de février, la cour, à la fin de ce mois, revint à Paris. Le duc d’Alençon, éprouvant toutes sortes d’humiliations et de tracasseries, finit par s’en échapper en septembre. Il eut bientôt rallié autour de lui tous les mécontents du royaume, y compris le prince de Condé. Le roi de Navarre ne put encore le suivre, soit qu’il fût surveillé de plus près, soit que, suivant Mézeray, il se laissât « abuser de l’espérance de la lieutenance générale, et retenir par les charmes de quelques dames. » Cette année, où il fut dominé par des intrigues galantes, a été sans doute la moins active de toute sa carrière de roi. Il fit preuve cependant de politique en se tenant dans de fort bons termes avec le Roi, la reine mère et les princes lorrains ; ce qui lui permit de bien préparer ses moyens d’évasion.