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1580. — 30 mars.

Cop, – B. R. Fonds Saint-Germain-Harlay, no 329-3, fo]. 301 recto.


[À MONSR ***.]

Monsr ***, J’ay entendu que monsr le mareschal de Biron a prins l’alarme de quelques forces que le sieur de Vivans a conduictes pour recouvrer mon chasteau de Montigniac, et que, soubz ce pretexte, il a commandé aux catholiques, mesmement de vostre quartier, de prendre les armes. Sur quoy je vous ay bien voulu escripre la presente, et vous dire que je n’estime point que dés long temps il n’en eust sa volonté, mais que d’en reporter la cause sur ung si foible sujet, tous ceulx qui en pourront juger sainement et sans passion congnoistront qu’elle est mal fondée. Et vous prie, Monsr ***, faire entendre à ung chacun, principallement à la noblesse, qu’il n’y a aparence quelconque de rebastir là dessus un renouvellement de guerre. Car c’est chose favorable de rentrer en sa maison, et crois qu’il n’y a celluy que j’en vouldrois prier qui ne m’y assistast, comme je ferois en semblable[1]. J’en ay souvent faict plaincte au Roy mon seigneur, qui m’a declaré n’y pouvoir que faire, et qu’il seroit tousjours bien ayse que je m’y puisse remectre, voyant quelque commodité de ce faire. Je ne l’ay point voulu perdre. Mais ce n’est aulcunement, pour ce faict particulier, alterer le general, et me semble que ceulx qui en veullent faire consequence demonstrent bien de quelle affection ils sont poussés. Je vous prye, Monsr ***, de vous employer en cela selon le zele que vous portez au service du Roy et au bien de cest estat ; et je prieray Dieu, Monsr ***, vous avoir en sa trés saincte et digne garde. À Nerac, le penultiesme jour de mars 1580.

Vostre bien affectionné amy,


HENRY.
  1. C’est-à-dire, en semblable occasion ; locution abrégée qui est du style de l’époque.