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passées ; afin qu’au retour de monsr de Montmorency, nous advisassions les moyens d’y pourveoir ensemble, dont je luy escrivis, ne pouvant qu’estre trez desplaisant de ce qui estoit advenu, comme je suis encores. Ma resolution estoit de m’approcher jusqu’à Castres, afin d’estre plus à main pour appliquer le remede au mal, et faciliter l’execution de ce que le dict sr de Montmorency requerroit de nous, attendant aussi la response qu’il vous plairoit nous faire sur la despesche de Boucharel. Mais comme je vis la rumeur de ceste prise de Mende servir d’occasion à ceulx qui n’ont l’esprit tendu qu’à la guerre, et donner crainte et soubçon à ceulx qui desirent la paix, j’escrivis de tous costez aux villes qui sont de la Religion en Languedoc et Daulphiné, qu’ils eussent à se contenir et se donnassent bien garde, pour quelque vent qu’il courust, d’allumer aulcun feu de guerre. J’entendois de plusieurs endroicts qu’il commençoit fort en Guyenne. Je voyois que le dict sieur de Montmorency ne faisoit plus aulcun estat de s’aboucher avecques moy ; luy mesme m’avoit mandé qu’il avoit desfendu à ceulx de Lautrec[1] et Castelnau de Montmiral[2], qui sont à moy, de m’ouvrir et recevoir. Lorsque je m’en suis revenu en ce mien gouvernement, pour empescher que ce feu ne s’embrasast davantaige, j’ay escript aux villes et aux principaulx gentilshommes du pays qui eussent peu s’alarmer, les exhortant tous à la paix, et les asseurant que mon intention ne tendoit à aultre but ; mais j’ay trouvé que le mareschal de Biron avoit bien faict d’aultres depesches, et disposé tout au contraire ; qu’il avoit mis nombre de soldats dans certaines villes, et jettoit de tous costez une semence de guerre, demonstrant evidemment par ses preparatifs, qu’il a faict de longue main, combien il la desiroit. J’ay d’aultre part depuis entendu que sur le chemin de Castres on m’avoit dressé partie de quelques deux cens chevaulx lestes et bien armez[3]. Toutes ces

  1. Ancienne vicomté de l’Albigeois, aujourd’hui chef-lieu de canton dans le département du Tarn.
  2. Autre ville de l’Albigeois, aujourd’hui aussi chef-lieu de canton du département du Tarn.
  3. Voyez ci-après la lettre au Roi, datée de février 1580.