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vouent ; afin que, selon la necessité, vous despeschiés promptement quelqu’un sur les lieux, si vous ne pouviés vous mesme vous y transporter. Cependant, vous pouvés vous asseurer qu’en ce qui despendra de moy, je feray cognoistre par tous effects l’affection que j’ay à l’establissement de la paix. Et en ceste verité, je prie Dieu, mon Cousin, vous avoir en sa saincte garde. De Nerac, ce xix octobre 1579.

Vostre bien affectionné cousin et parfait amy,
HENRY.



[1579. — fin d’octobre.]

Orig. autographe. – Archives de la maison de Montesquiou-Fezenzac. Communiqué par le général comte Anatole de Montesquiou, pair de France, chevalier d’honneur de la Reine.


[À MONSR DU FAGET DE STE COLOMBE.]

Faget[1], Je m’en vais avec mon armée joindre les troupes de monsr de Montmorency pour secourir Bruguerolles[2]. Je te prie que je te trouve prest et accommodé, qu’il ne faille que mettre le pied à l’estrieu ; et avertis tes amys pour estre de la partie. Je seray samedy à Carmain.

Mecredy au soir.

Vostre meilleur maistre et affectionné amy,
HENRY.

Grand pendu, j’iray taster de ton vin en passant[3].

  1. Voyez sur le baron de Faget la lettre du mois de janvier 1576.
  2. Bruguérolles, Brugayrolles ou Brugairolles est une petite ville de l’ancien Razez, aujourd’hui dans le département de l’Aude. Elle avait été prise par le capitaine Fournier, un des chefs des bandes protestantes, et servait de refuge à des brigands de ce parti qui désolaient toute la province. Le duc de Montmorency, qui en avait donné avis au roi de Navarre, le requit ensuite, au mois d’octobre, de se joindre à lui pour expulser Fournier. La chose ne fut point exécutée cependant ; car on revoit encore ce capitaine à Brugairolles en 1580. Cette lettre montre qu’il y eut un commencement de démonstration conforme à la politique de concessions apparentes que suivaient alors les protestants.
  3. D’Hozier a mis au dos de cette lettre, lorsqu’elle fut produite pour les preuves de Cour : « Voicy une lettre très précieuse à garder, par la manière tendre et familière dont l’aymable Roy Henry IV l’a escrite. » En effet, ce prince employait fort rarement le tutoiement, qu’on ne trouve pas dans ses lettres à M. de Crillon, quoique le fameux billet ainsi altéré, « Pends-toi, brave Crillon, » fasse generalement croire le contraire. On peut voir le texte de ce billet d’après l’autographe, à l’année 1597.