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illustre auraient pu se trouver fort différentes de celles qui finirent par s’établir peu à peu vers la fin du XVIIe siècle, et qui de nos jours ont atteint une rigueur presque mathématique.

Ce que ne pouvait juger du Bellay, c’est que de son temps l’incertitude de l’orthographe tenait à l’incertitude du langage, aux variantes de la prononciation. Voir dans ce vague une sorte d’accident, de négligence, de hasard, et non une condition essentielle, inhérente alors à notre langue, ce serait méconnaître la principale action de l’Académie française au XVIIe siècle, ce serait méconnaître aussi les rapports de la philologie avec l’histoire. Car, d’une part, notre langue, moins éloignée de ses origines, conservait davantage dans l’expression graphique les traces latines de l’étymologie ; de l’autre, l’écriture étant aussi en partie une sorte d’écho de la prononciation, employait indifféremment les lettres qui pouvaient la rendre. Or cette prononciation variait suivant les provinces, dont le langage différait alors comme les coutumes.

J’ai regardé la fidélité, et une fidélité scrupuleuse, comme mon premier devoir d’éditeur ; si j’ai cherché à remplir de mon mieux un autre devoir par des notes indispensables, du moins ai-je eu grand soin de ne jamais introduire le commentaire dans le texte, en modifiant d’une manière quelconque ce texte si digne de vénération[1]. Le lecteur est sûr de ne prendre nulle part la conjecture de l’éditeur, quelque plausible qu’elle puisse être, pour les paroles mêmes de Henri IV. Et j’ai la confiance

  1. La seule apparence d’interprétation contextuelle que je me sois permise est la ponctuation ; la seule modification est l’emploi régulier des lettres majuscules et minuscules. Si un mot illisible, une partie du papier détruite, une lacune quelconque, m’a obligé à compléter le sens de la phrase, en suppléant à ce qui manquait, j’ai toujours imprimé entre crochets [ ] ce que j’ai ajouté, ne fût-ce qu’un mot.