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que les loix et la justice regnent desormais, le Roy mon seigneur soit obey, et ses subjectz vivent en concorde, union et seureté, comme de ma part j’apporteray en cela toute syncerité, et espere que la venue de la Royne y advancera beaucoup ; au devant de laquelle je me prepare d’aller, pour le desir que j’ay de luy baiser les mains, et le contentement que ce me sera de veoir ma femme et l’avoir desormais aupres de moy. Et desjà je fusse party, sans quelque remuement qui est survenu par deçà par la precipitation de monsr le mareschal de Biron, et que la ville d’Agen, qui est mon passage et droict chemin, et aultres villes prochaines que j’avoy faict remettre ont esté saisies[1], où ont faict guet et garde comme durant les troubles. Lesquelles il est besoing de remettre en l’estat porté par l’edict. Mais j’espere que, à ceste prochaine venuë de la Royne, il sera pourveu à une generale execution de l’edict et establissement d’une paix asseurée, ce que je desire plus que aultre chose quelconque en ce monde. Et sans cela j’estoy bien desliberé d’adviser desormais entre nous-mesmes aux moyens plus prompts et convenables de pourveoir aux maulx, desordres et infractions d’edict que nous voyons de toutes partz. Cela sera cause que soubs ceste bonne esperance, je m’en remettray au temps de l’arrivée de la dicte dame. Et ce pendant je vous prieray faire tousjours estat de mon amityé et croire que vous ne me trouverés jamais aultre, sinon bien affectionné en vostre endroict, ainsy que j’ay donné charge audict sieur Girard vous faire entendre : sur ce, priant Dieu vous tenir, mon Cousin, en sa saincte et digne garde. De Montauban, ce 1er septembre 1578.

Vostre affectionné cousin et parfaict amy,
HENRY.
  1. « Mesme si tost que le roy de Navarre fut party d’Agen et des environs de Ville-Neufve, le mareschal de Biron se saisit de ces deux villes ; et quoy que ce fust en plaine paix et contre les articles d’icelle, si est-ce que le roy de Navarre n’en put jamais obtenir la raison. » (Œconomies royales, Ire partie, chap. X.)