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des notions les plus instructives à toutes les personnes qui ont cherché notre histoire dans les fastes de la noblesse, comme dans l’une des trois principales sources d’où elle découle pendant près de dix siècles[1].

Malgré cette abondance de secours, si je n’ai pu parvenir à reconnaître et à appliquer sûrement plusieurs noms, je ne pense pas que le nombre en paraisse très-grand, eu égard à la difficulté, souvent presque inextricable, de retrouver le nom de famille de ces gentilshommes, dont chacun était toujours désigné par un nom de fief, différent non-seulement de celui de sa famille, mais des autres noms de fiefs sous lesquels, en même temps, étaient connus dans le monde son père, ses frères, ses enfants. Ainsi, dans une famille noble qui se serait composée du père, de trois ou quatre fils, de huit ou dix petits-fils, il y aurait eu une quinzaine de personnes aussi proches, ayant le même nom de famille, et désignées dans le monde par quinze appellations différentes.

À cela il faut ajouter les variétés les plus singulières dans la manière d’écrire les noms propres, à cette époque d’une orthographe libre de toute règle, et où les meilleurs esprits, les hommes les plus doctes, qui avaient fait de la question une étude attentive, regardaient l’introduction des règles comme prématurée. « J’ai peu curieusement regardé à l’orthographie, dit du Bellay, la voyant aujourd’hui ainsi diverse qu’il y a de sorte d’escrivains ; j’approuve et loue grandement les raisons de ceulx qui l’ont voulu reformer, mais voyant que telle nou-

  1. Les deux autres sources sont les nanales du clergé et de la royauté. L’étude historique du tiers-état, objet des travaux si profonds de notre éloquent et savant confrère M. Augustin Thierry, nous paraît exposer l’existence permanente du corps social, et les lentes modifications de cette organisation si importante, plutôt que montrer la marche des événements, la succession des faits principaux, ce qui constitue le récit de l’histoire.