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de distinguer l’imprimé de l’inédit, mais de savoir jusqu’à quel point chaque pièce était déjà répandue ou divulguée[1].

La courte salutation qui (principalement dans les lettres antérieures à l’avénement au trône) précède la signature, comme Vostre bien bon et asseuré ami[2], Vostre meilleur mestre[3], Vostre tres-humble, tres-obeyssant et tres-fidele sujet, fils et serviteur[4], Vostre bon frere à vous faire service[5], etc. est de la main du Roi, ou plutôt assez souvent aussi du secrétaire de confiance, dit le secrétaire de la main, chargé spécialement de contrefaire l’écriture du Roi. Jacques l’Allier, seigneur du Pin, remplissait auprès de Henri IV, roi de Navarre, ces fonctions délicates, qui, sous Louis XIV, furent exercées, comme on sait, par le président Roze. L’un et l’autre, suivant la volonté du maître, ne bornait pas son emploi à contrefaire la signature et ce dernier salut qui la précède. Beaucoup d’autographes sont certainement du secrétaire de la main, dont le talent consistait précisément à ne permettre guère de distinguer les traits de la main royale des traits de la sienne. L’honneur d’une lettre autographe, que le prince pouvait avoir souvent de l’intérêt à accorder dans les moments où il avait le moins de loisir, dans un de ceux où, comme le roi de Navarre l’écrivait à M. de Ségur, il n’avait pas le temps de se moucher[6], rendait ce secrétaire indispensable pour ces circonstances, et pour d’autres où les usages d’étiquette exigeaient que la lettre fût autographe. Cette phrase, « Excusés si je ne vous escris de ma main, » suppose donc, outre le manque de loisir ou l’état d’indisposition allégués,

  1. On verra par là que le nombre des lettres jusqu’à présent inédites surpasse beaucoup celui des autres.
  2. Aux grands seigneurs et à beaucoup d’autres gentilshommes.
  3. Aux officiers de sa maison.
  4. À Catherine de Médicis.
  5. À quelques souverains.
  6. Lettre du 8 juillet 1585, tome II.