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Guyse et monsr du Maine[1] ne bougent d’avec moy. Lavardin[2], vostre frere[3] et Saincte Colombe[4] sont les chefz de mon Conseil. Vous ne vistes jamais comme je suis fort. En ceste Cour d’amis[5] je brave tout le monde. Toute la ligue que sçavez[6] me veult mal à mort, pour l’amour de Monsieur ; et ont faict defendre, pour la troisiesme fois, à ma maistresse[7] de parler à moy, et la tiennent de si court qu’elle n’oseroit m’avoir reguardé. Je n’attends que l’heure

  1. Charles de Lorraine, duc de Mayenne, second fils de Francois de Lorraine et d’Anne d’Est-Ferrare, né le 26 mars 1554, était pair, amiral et grand chambellan de France, chevalier des ordres du Roi, gouverneur de Bourgogne, etc. Devenu chef de la Ligue, à la mort du duc de Guise son frère, il se fit décerner, le 12 février 1589, le titre de lieutenant général de l’état et couronne de France, se soumit à Henri IV en 1599, et mourut à Soissons le 4 octobre 1611.
  2. Jean de Beaumanoir, seigneur de Lavardin, comte de Negrepelisse, etc. fils aîné de Charles de Beaumanoir, seigneur de Lavardin, tué à la Saint-Barthélemy, et de Marguerite de Chourses, était né en 1551, et fut élevé avec le prince de Béarn, sur qui il avait acquis beaucoup d’ascendant. Après l’évasion, il eut un grand crédit à la cour du roi de Navarre, où il était en butte à la haine des seigneurs protestants, pour avoir persisté dans la religion catholique, qu’il avait embrassée après la mort de son père. En 1580 colonel de l’infanterie française ; en 1595, il fut gouverneur du Maine, de Laval et du Perche, chevalier des ordres du Roi, maréchal de France, et il eut sa terre de Lavardin érigée en marquisat. En 1601 il commanda l’armée royale en Bourgogne ; fut, en 1612, ambassadeur extraordinaire à Londres, et mourut à Paris en novembre 1614.
  3. Le P. Anselme indique un frère de M. de Miossans, mais sans avoir pu recueillir aucune autre notion que celle de son existence.
  4. François de Montesquiou, seigneur de Sainte-Colombe, baron de Faget et d’Auriac, fils de Jean de Montesquieu et d’Anne Guillot, dame de Faget, fut gentilhomme de la chambre du Roi et lieutenant de sa compagnie de gendarmes. Il vivait encore en mai 1613.
  5. « Ayant gagné ce point, par sa dextérité et bonne mine, que les plus grans catholiques, ennemis jurés des huguenots, voire jusques aux tueurs de la Saint-Barthélemy, ne juroient plus que par la foy que luy devoient. » (Journal de Henry III, 3 février 1576, édition de MM. Champollion.)
  6. Ce sont les partisans du duc d’Alençon, irrités des apparences d’inimitié entre ce prince et le roi de Navarre.
  7. Charlotte de Beaune de Samblançay, fille unique de Jacques de Beaune et de Gabrielle de Sade, arrière-petite-fille de l’infortuné Jacques de Samblançay, général des finances, née vers 1550, épousa en premières noces Simon de Fizes, baron de Sauves, et fut dame d’atour de Catherine de Médicis. Madame de Sauves se trouva le centre des intrigues de toute cette cour, étant à la fois la maîtresse du duc d’Alençon, du roi de Navarre, du duc de Guise et de du Gast. Devenue veuve en 1579, elle se remaria en 1581 à François de la Trémouille, marquis de Noirmoutier, et mourut le 30 septembre 1617, à l’âge de soixante-six ans.