Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouveraient point leur compte, et, d’ailleurs, les longues périodes et les effets de tribune conviennent mal à des orateurs ayant le souffle plus court que le tour de taille. Foin des homélies et vive la chanson !

Nous possédons, naturellement, des ténors, de vrais ténors toulousains à barbiches en fers-à-cheval et quarante-huit centimètres d’encolure… Quels tournois de contre-ut ! Tout le répertoire d’opéra y défile, et de manière à faire vaciller les lustres ! Farrigoul arrache Guillaume Tell à ses fers et Labouheyre proclame de façon tonitruante la grâce tutélaire du Seigneur qui, à ses tremblantes mains, confia le berceau de Rachel...

Plus ils chantent fort, plus on applaudit. Si bien qu’ils en font bientôt une affaire d’amour-propre et que, d’un bis à l’autre, leur mélodieuse compétition se transforme en un tournoi de clameurs qui va réveiller, sous leurs édredons, tous les dormeurs circonvoisins. La police alertée sur