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laisserait à la dame de ses bonnes dispositions. Car la chanson dit vrai : « Un baiser, ça n’engage à rien ! » Surtout un soir de juillet orageux, et sur les lèvres d’un ami de dix ans que l’on vient, au préalable, de calotter…

Pour mon malheur, ce baiser finissait de me mettre l’esprit à l’envers. Je n’ai pas, vous me croirez sans peine, l’habitude des embrassements inattendus. Tout comme un autre, certes, j’eus mes bonnes fortunes, mais enfin, les hommes qui, dans l’histoire, se réveillèrent sous les baisers des reines eurent bien rarement cent vingt de tour de taille.

Cela, je pense, suffit à expliquer la nature de mon trouble. Toutefois, je ne m’attardai guère en rêveries de collégien, et je me posai carrément cette question : sera-ce pour aujourd’hui ?

Le croiriez-vous ? L’idée que ce serait pour un jour quelconque ne m’était jamais venue depuis la scène du Russel.

Je désirais cette femme depuis six mois, je faisais