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pitié ! Mais, en même temps, j’éprouvais une gêne, une envie d’être ailleurs.

Monsieur, le fond de ma nature renferme quelque chose de bonhomme et de timide qui me fait redouter les confrontations. Il ne me suffit pas d’avoir raison pour me sentir à l’aise. Je me laisse toujours surprendre par les reproches d’autrui et mes arguments, très valables avant et après la dispute, me semblent, au cours de celle-ci, dénués de tout espèce d’intérêt.

Ajoutez à cela que ma grosse nature me rend inapte aux altercations mondaines, d’abord je concède trop et, soudain, je m’emporte ; alors, c’est plus fort que moi, je ne sais pas être insolent ; je deviens tout de suite grossier. D’une parole à l’autre les choses se gâtent et me portent à des extrémités que je déplore quand il est trop tard.

Cette fois les choses allaient plus vite que leur train. Le gaillard me connaissait pour m’avoir pratiqué : il m’accueillit sans ménagements, par un