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haussant les épaules, parlant seul. À la fin il se campa devant la glace, refit sa cravate, et, se tournant vers moi et ricanant : « Si ce n’était incroyable, dit-il, ce serait trop drôle. » Quand il eut bien ri, il vint tout près de moi. Nous nous regardâmes jusqu’au fond des yeux : « Dois-je vous croire », dit-il. « Croyez ce qu’il vous plaira. »

« Eh bien ! mon cher, sa vanité fut plus forte que sa jalousie. » Il me crut. Il se contenta de murmurer : « C’est inimaginable. » Puis, aussitôt, son naturel reprit le dessus, il se mit à cambrer la taille et, l’air avantageux, sûr de lui, souriant, il s’approcha encore de moi, ouvrit les bras… Ce fut mon tour de rire : « Vraiment, lui dis-je, vous voilà bien à votre aise. Je ne vous ai pas trompé, cela vous suffit, c’est comme s’il ne s’était rien passé. Je vous admire, vous ne changerez jamais.

« — Jamais, dit-il.