Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À table, je ramenais astucieusement la conversation sur les plaisirs de Rome. D’un ton modeste et toujours inspiré, je débobinais une conférence sur les jeux du cirque, les raffinements des mœurs antiques, la grandeur des civilisations disparues, la noblesse de l’histoire romaine, pour enfin arriver à la fascination qu’exerçaient sur les belles matrones et les jeunes vestales la pourpre et le laurier des empereurs.

Comme vous, monsieur, elle me regardait, les sourcils levés, se demandant où j’en voulais venir. Elle m’écoutait sans méfiance, un peu lasse, son bras rond posé sur la nappe.

Qu’elle était belle ! Les dîneurs, qui nous croyaient mariés, la contemplaient sentimentalement, avec une convoitise mêlée d’une grossière assurance, ainsi qu’on regarde l’épouse d’un infirme. Un orchestre se mit à moudre des danses. Les fiasques de spumante penchaient la tête hors des seaux à glace. Des couples tournèrent. Un