Page:Henri Béraud - Le Martyre de l'obèse, 1922.djvu/13

Cette page a été validée par deux contributeurs.

un double menton pareil à un pneu bien gonflé.

C’était à la kermesse de Bois-le-Duc, en Hollande, sous une petite baraque de toile. Il avait une serviette autour du cou, et, moyennant un quart de florin, on écrasait une pomme cuite sur la face rose de mon sosie. La foule trouvait cela fameux. Toutes les reinettes du Brabant y passaient, et j’entends encore le bruit flasque des pommes, aplatissant le vivant reflet de mon visage.

Eh bien, mon cher monsieur, c’est avec le pendant de ce visage-là que je rêve d’amours romanesques, de baisers furtifs, de sérénades, de gondoles et d’échelles de soie ! Avec ce visage-là, je soupire après une femme semblable à… Foin des comparaisons ! Une femme, monsieur, cela suffit. Motus ! Des confidences, bien, mais pas d’indiscrétions. Nos chopes sont vides. Qu’on les remplace !