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Vous croyez, c’est certain, au plaisir de courir le monde. On vous a fait croire qu’il y a, de l’autre côté de la mer et à l’autre bout des tunnels, quelque chose de merveilleux et d’attirant comme une peinture à demi effacée ou comme une musique que l’on entend mal. Vous le croyez, et vous croyez aussi probablement qu’il suffit de passer la douane pour vivre d’une autre vie. Les heureuses gens qui n’ont pas voyagé ressemblent aux pèlerins d’autrefois, qui, posant le pied sur la terre étrangère, s’étonnaient d’y trouver des maisons semblables à leurs maisons et des champs où l’herbe croissait verte comme l’herbe de leur pays.

Heureux homme ! Écoutez… Mais buvons d’abord.

Ne voyagez pas, monsieur, il ne faut pas voyager. Je sais que vous avez l’imagination vive. Mais seriez-vous plus inapte à former de beaux songes