Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/90

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’unité. Cette dernière victoire est vraiment la victoire. Mais les choses, comme les personnes, en abandonnant leur type, gardent de lui quelque vague souvenir. Ainsi la victoire de l’ancienne Rome, fondée sur l’égoïsme, l’injustice et la cupidité, garda une certaine condescendance comme un souvenir lointain de la gloire. Loin de mépriser les vaincus, elle admirait et prenait pour elle leurs lois, leurs productions artistiques ; elle partageait leurs dieux, malgré son orgueil. Elle eut comme procédé la condescendance, et la récompense de ce procédé fut la conquête du monde, car la condescendance est la condition nécessaire pour que le fort impose au faible l’assimilation, et qu’est-ce que la conquête, sinon l’assimilation ? L’assimilation véritable se fait par l’amour, l’assimilation apparente se fait par une condescendance apparente. Le type vrai du conquérant, c’est saint Paul. La forme de son activité peut se traduire par cette parole : se faire tout à tous. Or telle est la puissance de la lumière, qu’il faut la parodier quand on ne lui obéit pas. Quiconque veut conquérir ou dans l’ordre du bien ou dans l’ordre du mal, imite par un acte organique, ou par un procédé mécanique, la marche triomphante de l’Apôtre conquérant.

Mais voici une grande question.

Pourquoi la Perse est-elle vaincue par la Grèce ? Pourquoi Carthage est-elle vaincue par Rome ? Pourquoi l’Orient est-il vaincu