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l’antiquité, ont approché de la majesté historique, parce qu’ils élevaient leurs regards au-dessus des murs de leur cité. Mais aussi les poètes étaient les voix de la tradition, persistante quoique égarée, et la grande tradition, que faisait-elle ? Elle appelait Celui qui devait venir : Et ipse erit expectatio gentium, avait dit Jacob Israël. L’écho de cette parole se promenait dans l’espace. Ceux que touchaient, en passant sur leurs têtes, ses vibrations, ceux qui entraient dans la grande attente, devenaient participants de l’histoire, parce qu’ils communiaient d’une certaine manière avec la race humaine, et sortaient de leurs murailles par la vertu du désir. Mais les historiens ordinaires, ceux qui ne voyaient rien au delà de la patrie, ceux-là écrivaient des mémoires : c’étaient les mémoires d’une cité, ce n’étaient pas les annales de l’homme.

Aussi leur chronologie était particulière : ils comptaient le temps à partir d’eux-mêmes. Ils enfermaient leur temps dans l’espace qu’ils possédaient, et dans le mouvement qu’ils accomplissaient.

Le peuple juif seul faisait et écrivait réellement l’histoire, parce qu’il préparait le salut universel, et était associé, d’une façon spéciale, aux desseins de Dieu. Aussi son histoire intéresse également tous les peuples, les regarde tous, les instruit tous, parce qu’elle annonce et symbolise Celui qui est venu les appeler tous.

Les mémoires de Rome, écrits par Tite-Li-