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L’humilité est en effet l’affirmation pratique de la doctrine de l’Être ; l’orgueil en est la négation.

Hegel a parlé la parole de l’orgueil et de l’absurde. Il a dit : l’Être et le néant sont identiques. La hardiesse de son crime m’oblige à admirer ce qu’aurait pu faire, dans la direction de la vérité, l’homme qui a été jusqu’au bout dans la direction de l’erreur. Cet œil, allumé pour regarder en face le soleil de Dieu, s’est révolté contre la lumière. Ce terrible infidèle ne s’est pas détourné à demi. Il a regardé en face les ténèbres.

Dans l’ordre intellectuel, ses imitateurs, nous venons de le voir, ont remplacé la contradiction absolue des termes, par la conciliation timide, inavouée, et presque inaperçue, des principes contradictoires.

Or ils ont imité l’orgueil comme ils ont imité l’absurdité hégélienne, c’est-à-dire de loin, et timidement.

L’orgueil, dans ces esprits bourgeois, a pris cette forme qu’on appelle l’amour-propre, la vanité.

Et comme l’orgueil, l’erreur, sont le principe de tout mal, la formule hégélienne lance les ténèbres en tous sens. C’est la parodie du rayonnement.

La philosophie dit à la fois oui et non ; le poète chante à la fois le bien et le mal. Écoutez, au bas de l’échelle, les paroles d’un homme ivre ; écoutez les paroles que le vin fait prononcer : vous trouverez dans l’ivresse,