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J’avais faim et vous ne m’avez pas donné à manger.

La récompense éternelle est promise à l’acte ; le châtiment éternel, à l’absence de l’acte, à l’abstention. Car Dieu est acte pur.

La charité est tout en acte.

Or cette faim et cette soif, qui devenues souveraines, décerneront, au jour de la justice, l’éternelle récompense et l’éternel châtiment, sous combien d’aspects étranges, inouïs, imprévus, apparaîtront-elles ? Quelles stupéfactions elles réservent aux hommes ? Un besoin jadis oublié, jadis moqué sur la terre, un besoin d’âme qui aura eu l’air d’une fantaisie aux yeux des hommes malveillants et ironiques, apparaîtra souverain. Il apparaîtra rémunérateur et vengeur, et l’éternité, avec ses deux perspectives, de joie sans fin ou de désespoir sans aurore, l’éternité dépendra du regard qu’on aura autrefois jeté sur lui, quand on était sur la terre, autrefois !

Quiconque a besoin de pain pour lui ou pour les autres, quiconque a besoin d’en recevoir et besoin d’en donner, celui-là est suppliant maintenant et sera terrible un jour. Quiconque aura contribué, d’une façon positive ou négative, par l’acte ou la négligence, à désaltérer ou à ne pas désaltérer une âme, sera stupéfait en face des conséquences et des importances inouïes de sa détermination.

Seigneur, dira-t-il, quand est-ce que vous avez eu soif et que je ne vous ai pas donné à boire ? Et il sera confondu par ses souvenirs.