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d’Edgar Poë, et son nom s’est rencontré souvent avec celui d’Hoffmann. Ces deux écrivains n’ont cependant l’un avec l’autre aucune ressemblance. Le fantastique chez Hoffmann est, si j’ose le dire, à l’état pur ! il n’obéit à aucune loi ! il est sa loi à lui-même, comme la folie dont il est la parole littéraire. Mais cette folie n’est pas un jeu, n’est pas une boîte à surprise, c’est une folie sérieuse qui spécule sur les réalités du monde d’en bas, sans en connaître la vraie nature ; c’est une folie à la fois curieuse et aveugle, ignorante et investigatrice, qui confond le ciel et l’enfer. Le fantastique d’Hoffmann, c’est l’esprit propre poussé à ses dernières limites, et qui s’introduit dans le domaine des choses mystérieuses par une imprudence avide qui s’égare en cherchant.

Edgar Poë, au contraire, ramène tout à certaines idées fixes, comme le crime, la punition, la mort.

Hoffmann a un peur froide qui porte sur tout. Edgar Poë a une peur précise. Il a peur de cette justice qui s’exerce intérieurement, invisiblement par le remords, en attendant que le remords lui-même livre le coupable à la justice visible et termine ses tourments en appelant sur lui le dernier supplice. Edgar Poë n’a que le sentiment de la mort. Son œuvre est monotone ; elle semble écrite la nuit, dans un cimetière ; il ne rêve que meurtre, supplice, vengeance, tombeau. La Chute de la maison Usher ressemble à un rêve