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par le néant, Hamlet par Faust ; Hamlet doutait, Faust nie et raille. Méphistophélès a remplacé l’ombre du mort. Hamlet avait dit : l’Être et le néant sont incertains ; Faust dit : l’Être et le Néant sont identiques.

Hegel a passé par là ; sa main a creusé l’abîme où s’engloutissent l’art et la vie.

L’Allemagne dit quelquefois le dernier mot. On dirait qu’à force d’exagérer la mort, elle prépare la résurrection. Installée comme le vertige au fond du précipice, elle regarde les voyageurs, elle les tente, elle les appelle ; Hegel, Gœthe et Beethoven lui prêtent leur voix terrible ; ceux qui se penchent sont attirés ; mais l’avenir verra des pèlerins qui graviront la montagne, qui atteindront, quand ils auront dépassé les nuages, les domaines de l’art et de la sérénité ; qui tourneront vers l’étoile polaire leurs regards sauvés de l’abîme.